La société post-démocratique présente des similitudes avec celles qui existaient autrefois dans les démocraties populaires communistes d’Europe de l’Est, le conditionnement idéologique y fondant, dans les deux cas, une surréalité aliénante qui permet de maintenir les masses dans des illusions mortifères nécessaires à la mise en œuvre de la subversion sociale.
Dans la réalité ambiante actuelle, aujourd’hui engluée dans le mensonge idéologique que véhicule suavement le système d’emprise médiatique, il est nécessaire de comprendre la nature profonde de l’idéologie marxiste-léniniste. Pour nombre d’esprits naïfs, les « idiots utiles » dont se gaussait Lénine, celle-ci serait un idéal de progrès qui aurait mal tourné lors de sa mise en pratique.
Pourtant, le communisme fut bien la destruction programmée de classes sociales entières pour éradiquer les anciennes superstructures culturelles des sociétés et leur imposer de nouvelles normes. Ce fut aussi la régression dramatique des populations aliénées par les délires idéologiques et appauvries par le collectivisme. Ce fut encore les camps de concentration et des massacres de masse. Le bilan du communisme au XXème siècle, c’est plus de cent millions de morts, cela s’expliquant, selon l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, par le fait que «le communisme ne peut réaliser ses « idéaux » qu’en anéantissant la base même de la vie d’un pays ».
Il en est ainsi parce qu’il est dans la nature nihiliste du communisme de détruire et l’erreur, écrit encore Alexandre Soljenitsyne, est que l’« on cherche la racine du mal partout, sauf dans le communisme lui-même ». L’ex-déporté du goulag ajoutait avec lucidité que « le communisme est globalement hostile à tout ce qui est humain. Il est incurable, il n’en existe pas de variantes améliorées, il ne peut se bonifier. Il ne peut subsister idéologiquement que par la terreur ».
Malheureusement, l’esprit intrinsèquement nihiliste du communisme n’a jamais été conscientisé par nos sociétés qui n’ont pas fait le nécessaire travail de pédagogie et de mémoire qui s’impose pour assainir la conscience collective.
Pour comprendre l’esprit du communisme marxiste-léniniste, il faut partir de son fondement manipulatoire et de sa nature impitoyable, le communisme fondant selon Léon de Poncins « une préméditation froide et rationnelle sous une façade d’aberrations apparentes ».
Ce fondement pervers est le fruit de la forte influence que Netchaïev, un nihiliste russe du XIXème siècle, exerçait sur Lénine, Netchaïev préconisant notamment, pour subvertir les sociétés, l’utilisation de la violence révolutionnaire extrême, ainsi que du mensonge systématique pour séduire les masses généreuses que des réseaux d’initiés, connaissant seuls les finalités réelles de l’action révolutionnaire, manipulent discrètement.
Le communisme est ainsi redoutablement trompeur, présentant deux faces, l’une attrayante, celle du progressisme de façade, l’autre effrayante, celle du prédateur qu’il est fondamentalement. Car le communisme, dont Soljenitsyne soulignait l’« instinct pernicieux », est un darwinisme social qui utilise la force brute pour mieux asservir, et la ruse pour mieux tromper. Boris Souvarine, un communiste repenti, écrivait que dans le communisme, «tout ce qui doit éclairer la conscience humaine est employé à mieux tromper, à répandre le préjugé ».
Ainsi, l’idéal de progrès ne lui sert qu’à mieux travestir l’esprit de conquête. Refusant l’altérité, son but est de vaincre pour dominer et conserver le pouvoir, non de créer le bonheur sur terre. Amoral, le communisme pratique le relativisme à son profit et manipule aussi le langage pour en pervertir le sens, ses partisans sachant surjouer la fausse indignation et camper la posture morale du progressiste pour mieux discréditer l’adversaires ravalé à être le mauvais de l’histoire.
Le but du communisme, c’est le contrôle total des masses au sein desquelles, ajoutait encore Souvarine, « le nombre décroît chaque jour des individus capables de penser par eux-mêmes ». Il n’est donc pas libérateur et ne vise qu’à servir les intérêts de petites minorités dictatoriales qui vivent de leurs privilèges derrière la façade égalitariste qu’ils promeuvent.
Partout où il a sévi, le communisme marxiste-léniniste a prémédité ses crimes, détruisant des classes sociales entières qui n’eurent que le tort de constituer des môles de résistance à la folie idéologique. « Ce que veut dire anéantir une classe, l’histoire de l’URSS en a fait la démonstration : cela veut dire exterminer dix ou quinze millions de personnes qui constituent cette classe. Et la main des communistes n’a encore jamais tremblé », écrivait Soljenitsyne.
Le génie du communisme fut la manipulation permanente de la société par l’ingénierie sociale qui instrumentalise le réel pour mieux renforcer le contrôle exercé sur les masses. Il prospère, écrit Marc Lazar, « sur des tensions et des passions que sa présence a soit réactivées, soit engendrées de toutes pièces ». Ainsi, dans les sociétés communistes, des pénuries étaient organisées, des épidémies dramatisées, tandis qu’était entretenu un soupçon permanent de complot, cela permettant de maintenir un haut taux d’anxiété et de soumission chez des populations très déstabilisées.
L’intensité de l’état de sidération ainsi obtenu était nuancée par la mise en œuvre d’une alternance subtile de phases de haute et de basse intensité anxiogène et répressive. Le but était de maintenir l’individu dans un état de fragilité psychologique durable, sans pour autant l’anéantir psychiquement.
Le collectivisme, lui-même, n’avait pas d’autre but, car l’individu qui attendait tout de l’Etat, logement, emploi, argent, était ainsi placé en état de dépendance étroite à l’égard d’un pouvoir qu’il ne devait aucunement mécontenter sous peine de subir de graves privations et des humiliations diverses.
Au final, le communisme avait le projet de créer un nouvel homme social et, dans ce but prométhéen, il aliéna l’ancien en l’arrachant à ses enracinements traditionnels, la propriété, la nation, la classe sociale, la religion. Ainsi, l’individu de la société communiste, standardisé dans la masse et réduit à sa finitude matérielle, n’avait plus, ni créativité, ni espérance, ce qui générait un déclin collectif tragique qui avait pour effet de renforcer toujours plus l’emprise du pouvoir sur les masses aliénées.
A l’heure ou le capitalisme occidental en cours de réinitialisation, dans le cadre du Grand Reset, semble s’inspirer de l’efficacité coercitive du socialisme de marché chinois, il est nécessaire de produire une mémoire lucide de ce que fut le totalitarisme à visage progressiste.
Car la gestion de la crise sanitaire, sciemment dramatisée par le pouvoir dans le but d’amorcer la mise en œuvre de mesures toujours plus liberticides, a révélé combien les méthodes manipulatoires empruntées au marxisme-léninisme ont aujourd’hui contaminé les démocraties occidentales.
Si la prise de conscience ne vient pas, la minorité oligarchique libérale-collectiviste qui pilote dans l’ombre cette transformation globale du capitalisme sous le couvert hypocrite d’une transition écologique qui permet l’évolution vers le totalitarisme numérique, nous imposera, à terme, c’est-à-dire aux environs de 2030, un système d’emprise bien plus redoutable que ce que connurent autrefois les victimes du communisme marxiste-léniniste.