Pendant plus de six mois, des millions de citoyens français qui ont fait le choix, en conscience, de ne pas se faire vacciner ont été privés d’une partie de leurs droits. Pour la première fois en France, depuis 1944, une part de la population fut juridiquement discriminée sous un faux prétexte et posée en bouc-émissaire par un pouvoir doté d’intentions troubles. Pendant deux ans, la gestion de la crise sanitaire a révélé à l’observateur attentif, le décalage existant entre un narratif officiel qui dramatisait les effets du covid et une réalité sanitaire bien moins dramatique que ce qui était affirmé.
Dans ce contexte très particulier, les mesures liberticides ont été multipliées à l’encontre des populations, les contre- pouvoirs ne défendant plus les droits élémentaires des citoyens. Nous ne pouvons pas comprendre cette réalité déstabilisante si nous ne prenons pas conscience que nous vivons une transition politique profonde, sous couvert de la gestion de la crise sanitaire. Nous devons réaliser que nous entrons dans un nouveau paradigme sociétal, celui de la post-démocratie qui inaugure une réalité plus autoritaire, voire même néo-totalitaire à terme.
La démocratie traditionnelle repose sur la souveraineté populaire, les élus n’ayant de comptes à rendre qu’à leurs électeurs; elle se caractérise aussi par la stricte séparation des pouvoirs, ainsi que par l’état de droit, c’est-à-dire par la mise en place d’un état dans lequel le droit s’impose à tous, y compris au pouvoir lui-même, ces droits garantissant un ensemble de libertés fondamentales. La démocratie permet notamment le pluripartisme, la tenue d’élections libres, ainsi que l’existence d’une opposition politique non contrôlée susceptible d’arriver au pouvoir par le jeu des alternances. Elle nécessite enfin une indépendance réelle des médias à l’égard du pouvoir politique et des lobbies privés, ainsi qu’un enseignement capable de forger un réel esprit de discernement chez les citoyens.
Ainsi, enracinée dans la souveraineté populaire et fondée sur le primat du politique par rapport à l’économique, la démocratie réelle garantit l’individu et la société contre les pouvoirs arbitraires. De nos jours, et particulièrement depuis le début de la crise sanitaire, la démocratie semble toujours plus vidée de sa substance et ne paraît subsister qu’à l’état formel.
En effet, l’importance du pouvoir représentatif paraît y être de plus en plus relativisée et les assemblées parlementaires donnent souvent l’impression d’être devenues de simples chambres d’enregistrement des volontés de l’exécutif. Quant aux contre-pouvoirs démocratiques, ils ne jouent plus leur rôle protecteur : le conseil constitutionnel entérine toutes les dispositions liberticides prises par l’exécutif, tandis que les tribunaux déboutent trop souvent les plaignants de leurs plaintes légitimes, comme ce fut le cas pour les soignants non-vaccinés, suspendus sans salaires pour avoir simplement exercé leur liberté de conscience. Enfin, les grands partis politiques ne jouent plus leur rôle d’opposants en cautionnant servilement le narratif officiel, le débat d’idée s’estompant au profit de l’expression d’un prêt-à-penser politiquement correct qui fait de l’opposition politique, une opposition contrôlée. Les grandes formations politiques sont ainsi devenues de facto des machines électorales au sein desquelles le professionnel de la communication remplace de plus en plus le militant.
Dans la pratique démocratique actuelle, les médias, contrôlés par une poignée de propriétaires privés qui leur imposent leur ligne politique, et, subventionnés par l’Etat qui obtient ainsi leur docilité, ne sont plus libres; le journaliste qui renonce trop souvent à sa mission d’information s’y fait l’agent servile de la propagande officielle et le gardien parfois agressif de l’idéologiquement correct. Dans un tel système, l’homme politique est trop souvent devenu un produit promotionné vendu à des électeurs dont l’esprit de discernement est affaibli par le consumérisme ambiant. Dans ce contexte d’affaiblissement de la conscience politique collective, les élections deviennent un spectacle qui permet de préserver l’illusion d’une démocratie devenue simple façade Potemkine, tandis que les débats d’idées sont de plus en plus limités à quelques sujets idéologiquement orientés. Enfin, le conditionnement permanent des masses pratiqué par des légions d’experts et d’intellectuels médiatiques, tous plus idéologues que véritables penseurs, permet de fonder une surréalité sociale aliénante d’essence totalitaire.
Pire, dans la démocratie contemporaine, la pensée non politiquement correcte, trop souvent discréditée, peut devenir un délit. Ainsi, dans le domaine de l’histoire, des lois d’exception ont été mises en place, comme la loi Gayssot sur la Shoah ou de la loi Taubira sur l’esclavage, afin de criminaliser tout écart de pensée par rapport à la vérité historique officielle. Ainsi, le dogme remplace le fait et l’esprit de croyance se substitue à l’esprit de raison. Cette dogmatique quasi religieuse, ainsi que les tabous qu’elle génère, renforcent le conditionnement émotionnel pavlovien de masses dont le discernement est affaibli.
Cette démocratie subvertie, c’est la post-démocratie.
En apparence, la post-démocratie fonctionne à l’identique de la démocratie, mais, en réalité, cette dernière a été vidée de sa substance. La réalité du pouvoir politique des pays est en effet de plus en plus concentrée au sein d’un état profond transnational et discret que contrôle une oligarchie financière mondialisée qui impose ses volontés aux nations par le biais de dirigeants qu’elle a subtilement promus et qui sont ses obligés. La post-démocratie accompagne donc la prise de pouvoir de l’économique sur le politique, dans le contexte global de mondialisation. Le politologue Colin Crouch, auteur du livre Post-démocratie, paru en 2003, établit un lien direct entre le développement de la post-démocratie et l’affirmation de la firme multinationale qui s’émancipe et entre en rivalité avec les états.
Rappelons que l’oligarchie mondialisée contrôle les réseaux financiers, l’appareil productif, les médias, l’espace dématérialisé du numérique, mais aussi la production du savoir grâce aux financements que ses fondations accordent aux structures universitaires de recherche et d’enseignement. Elle exerce son pouvoir par le biais des think tanks qu’elle a créés et par lesquels, elle favorise la carrière des nombreux responsables nationaux et internationaux qui lui sont fidèles, tandis qu’elle conditionne les populations à ses valeurs, par les médias qu’elle contrôle.
Derrière la façade démocratique que conservent les pays occidentaux, l’oligarchie mondialisée poursuit, via l’état profond, des objectifs durables qui perdurent par-delà les alternances politiques. Elle concrétise un projet qui est celui de toutes les classes dominantes : affirmer son contrôle total sur les peuples et renforcer son pouvoir, de génération en génération. Triomphante, elle reproduit ainsi, aujourd’hui, à l’échelle planétaire, ce que l’aristocratie guerrière conquérante avait réalisé, vers l’an Mil, dans l’espace européen.
Aux XIXème et au XXème siècle, le combat démocratique avait été l’outil qui permit à la nouvelle classe dominante de s’imposer dans des sociétés alors dominées par le pouvoir politique national et les élites traditionnelles. De nos jours, le pouvoir politique et la nation sont affaiblis et l’oligarchie n’a plus besoin du levier démocratique pour s’imposer. Les décisions fondamentales concernant l’avenir de l’humanité sont de moins en moins prises par les gouvernements qui se contentent de mettre en oeuvre les grandes orientations qui ont été définies lors des grandes réunions oligarchiques, tel le Forum de Davos, mais aussi dans le secret des bureaux des lobbies, lors des réunions des think tanks ou dans celles des états-majors des firmes multinationales.
En conséquence, le débat démocratique est devenu un spectacle formel. Et dans le nouveau paradigme post-démocratique, le responsable politique qui, autrefois, ne devait des comptes qu’à ses électeurs, fait de plus en plus allégeance aux lobbies qui le promeuvent. Cette post-démocratie technocratique, et de plus en plus autoritaire, est une forme de despotisme éclairé qui permet la symbiose croissante entre élites publiques et privées dont les intérêts se mêlent de plus en plus.
L’étude de la Post-démocratie conduit aussi à s’interroger sur la notion de post-vérité qui lui est consubstantielle. La post-vérité, à la différence de la vérité qui se fonde sur les faits et le bon sens rationnel, privilégie les émotions sur la raison. Elle permet de susciter dans l’esprit collectif des sentiments de rejet ou d’adhésion souvent irrationnels qui s’articulent sur une perception binaire et manichéenne de la société. En effet, vue sous l’angle de la post-vérité, la société n’est plus considérée comme étant le lieu de coexistence de différentes sensibilités complémentaires, mais comme le lieu de l’affrontement entre un camp du bien supposé qui incarne en fait l’esprit d’idéologie et un camp du mal tout aussi illusoire, dont le tort est de faire preuve de trop de discernement.
La post-vérité s’inscrit dans le nouveau paradigme post-factuel dans lequel l’établissement de la réalité des faits n’est plus la préoccupation première des médias et des politiques dont la priorité est désormais de soumettre le réel aux exigences de l’idéologie; la post-vérité révèle donc tout simplement la pratique assumée du mensonge. En cela, elle est l’héritière des méthodes de manipulation des masses autrefois mises au point dans les régimes communistes.
Le concepteur de ces méthodes de manipulation sociale au temps de l’URSS stalinienne était l’Allemand Willy Münzenberg. Ce dernier détermina quatre moyens majeurs de mise en oeuvre d’une propagande subversive : Susciter l’émotion au détriment de la raison. Utiliser le mensonge au même titre que la vérité. Faire passer le message par les intellectuels plutôt que par les militants. Discréditer les propos et la personne de l’adversaire pour éviter le débat. L’observateur lucide de la gestion de la crise sanitaire put repérer très facilement la mise en œuvre quotidienne de ces quatre moyens de subversion de l’esprit collectif par les médias mainstream, durant la crise du covid.
La post-vérité favorise donc la manipulation de l’esprit collectif. Elle permet le changement de paradigme que nous observons actuellement avec le passage de la démocratie à la post-démocratie, l’esprit de cette dernière ressemblant à celui de ces ex-démocraties populaires qui existaient en Europe de l’Est, avant la chute du mur de Berlin. Il faut être aujourd’hui conscient que la post-démocratie prépare la mise en place d’un totalitarisme numérique dont le prototype est déjà visible en République populaire de Chine. Là, le socialisme de marché fonde déjà la coopération inédite de l’Etat communiste et de la multinationale capitaliste. Ce système qui génère une réelle efficacité productive et coercitive inspire aujourd’hui un capitalisme occidental qui, en instrumentalisant la crise sanitaire, suscite la dynamique nécessaire au passage du capitalisme libéral au capitalisme de coercition.
Il faut bien comprendre que le passage à la post-démocratie permettra la mise en place d’un crédit social à la chinoise, c’est-à-dire d’un système de contrôle total de la population. Pour éviter un si funeste destin, la défense de la démocratie traditionnelle qui repose sur l’esprit de 1789, lequel synthétise l’esprit de transcendance chrétien et l’esprit de progrès des Lumière, s’impose. Seul cet esprit abouti développe la capacité de discernement des individus, condition sine qua non à l’exercice d’une souveraineté réellement populaire. Le combat à mener dans le matérialisme ambiant revêt donc une dimension éminemment spirituelle.